Rencontre dans l'Allée des Marronniers

A l'entrée de l'allée la verte obscurité

l'enveloppa de froid comme un manteau de soie

qu'il accepta et revêtit : tandis

qu'à l'autre transparente extrémité

surgie du soleil vert comme de vitres vertes,

une forme isolée et blanche flamboya

qui longtemps resta lointaine

et puis, à chaque pas noyée, ployée

sous les chutes des lumières,

attira sur elle une claire alternance

qui la suivit, craintive, en lueur blonde.

Mais l'ombre tout à coup se fit profonde

et des yeux proches étaient ouverts

sur un visage aux traits précis

qui s'attarda comme dans un portrait

au moment ou l'on se quittait.

d'abord cela dura, puis ne fut plus.

R.M.RILKE

traduction de Jacques LEGRAND

nouveaux poèmes dédiés à Rodin

Oeuvres 2 - Édité au Seuil